Loi Pécresse
Vous pouvez lire le texte de loi
sur Legifrance.
Les universités françaises ont
besoin de réformes, les manques de moyens se font régulièrement sentir, il
suffit de voir l’état de certains locaux, et l’échec est important. Pour
répondre à cela, la loi Pécresse entraîne l’autonomie financière des
universités et un désengagement de l’Etat. Les financements seront donc privés,
de la part d’entreprises et d’anciens élèves. Les pouvoirs des Présidents
seront étendus pour leur permettre une gestion plus simple. La représentativité
des étudiants sera réduite au sein du conseil d’administration et en
contrepartie, un(e) vice-président(e) étudiant(e) sera élu pour les questions
de vie étudiante en lien avec le CROUS. Jusqu'à présent tout va bien sur le
papier, et cette loi peut apporter le souffle nouveau dont a besoin l’université.
Mais approfondissons…
Si des entreprises financent les
universités, c’est qu’elles attendent une contrepartie. La première sera une professionnalisation
des cursus, qui n’est pas un mal en soi, si ce n’était pas globalisé. Des
filières peu rentables économiquement risquent de disparaître à terme, et le
savoir pour la recherche non appliquée aux besoins des consommateurs n’existera
plus. N’avons-nous pas le droit d’apprendre pour apprendre, de s’enrichir de
connaissances sans ambition particulière, d’effectuer des recherches sur des
thèmes n’entraînant pas un bénéfice immédiat ? Mais l’université ne sera
pas gérée par les entreprises avec cette loi ? Textuellement non, mais le
poids important du financement privé sur le fonctionnement fera plier les
décisions à la bonne volonté des entreprises. Un entrepreneur propose une somme
importante, à la condition d’un changement quelconque sur un cursus, que fera l’université
d’après vous ? Si les finances deviennent insuffisantes, il faudra faire
des coupes budgétaires : précarisation de certains personnels, frais de
scolarité en hausse… etc. Les pouvoirs étendus des Présidents leur permettront
d’utiliser un droit de veto sur certains sujets, comme le recrutement, et
alliés à la baisse de représentativité des étudiants, la gestion collective,
dans l’intérêt premier des élèves, est clairement remise en cause. L’élection d’un(e)
vice-président(e) étudiant(e), qui peut être une bonne chose au premier abord,
risque de n’être qu’un poste inutile en terme de décisions et semble être une
fausse compensation de la disparition d’étudiants au sein du CA, à moins que ce
soit une bonne idée noyée au milieu de ce texte remettant en cause l’éducation
supérieur. Il est important dans la lecture d’un texte de loi de ne pas voir
uniquement les effets immédiats, mais de regarder à moyen et long terme ce que
cela peut entraîner. Cette réforme pourrait être intéressante à mon point de
vue, mais il y a un cruel manque de garanties, permettant de s’assurer d’une
représentativité faible des entreprises, d’un engagement de l’Etat pour assurer
l’équilibre des budgets en cas de besoin… en gros en refaisant un texte avec
les étudiants, et pas forcément avec uniquement des représentants syndicaux
comme Bruno Julliard qui ne fait que suivre éternellement ses propres intérêts
et ambitions. Entre les dérives liberticides, la casse de la fonction publique,
la privatisation au nom de la mondialisation, notre gouvernement met à mal les
quelques qualités de la France. Je serais fier de mon pays le jour où l’on reviendra vers les valeurs sociales qui
font l’histoire française !
Photo : Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche